Tout le monde connaît le Canyon de Bozouls célébrité géologique façonné siècle après siècle par le modeste Dourdou qui s'écoule de méandre en méandre. Tout le monde connaît ces falaises ocres, marron jaunâtre baignées par le soleil, tout le monde a entendu et assisté au ballet incessant des Choucas des Tours et des Martinets. Tout le monde a admiré l'église Sainte Fauste sur son piton rocheux qui domine et semble veiller sur ce petit coin de ravissement pour les yeux. Voilà pour la carte postale ! Mais comme la si bien dit Pierre DAC "pour voir loin, il faut y regarder de près". Aussi, nous vous proposons ni plus ni moins de quitter notre vision périphérique, paysagère et de chercher à voir... sans être vu si possible.
Parlons botanique
Nous commençons notre promenade depuis la Place de la Mairie, nous descendons la rue de l'Hospitalet, passons les tours et nous amorçons notre descente vers celui qui est à l'origine de tout... le Dourdou. Déjà les panneaux du sentier botanique vous invitent à regarder vers le sol. Il faut dire que la flore du Canyon est particulièrement riche. Nous avons inventorié près de 300 espèces au cours de notre étude du site, l'exhaustivité n'est pas de ce monde mais gageons sans trop nous avancer que le chiffre exact doit avoisiner ou dépasser les 500 espèces.
Ce qui est intéressant avec les plantes, c'est qu'elles ne se répartissent jamais au hasard et, que toutes fragiles et immobiles qu'elles puissent être, elles n'en sont pas moins des guerrières et des conquérantes redoutables. Les plantes, se livrent en effet un combat sans merci pour l'eau et la lumière et cela depuis la nuit des temps. Observez autour de vous et vous constaterez qu'il y a celle qui affectionnent les situation fraîches, celles qui supportent comme pas d'autre les endroits secs, celles qui s'accommodent de sols pélliculaires, il y en à même qui semblent apprécier d'être piétinées tant elles mettent du coeur à pousser partout ou le sol est tassé...
La flore du Canyon n'échappe pas à cette logique. Une plante doit pouvoir satisfaire à trois exigences : germer, pousser puis fleurir et produire des graines et enfin d'assurer la survie de l'espèce. Les graines ont elles aussi développé des stratégies pour se déplacer. Il y a celles qui tombent au sol sans autre forme de procès, celles qui s'accrochent aux poils des animaux ou aux chaussettes du randonneur, celle qui flottent et se déplacent au grès du courant et bien sûr celles qui sont tellement légères qu'elles jouent les filles de l'air et utilisent la force du vent pour se mouvoir.
Après, c'est un peu la loterie, soit notre graine trouve un terrain approprié pour recommencer le cycle de la vie soit non ! C'est ainsi que de réussite en échec, on retrouve très régulièrement le même cortège d'espèces aux même endroits.
Les bois
Les plantes qui aiment l'ombre et la fraîcheur se retrouvent le plus souvent en rive gauche du Dourdou. Là on est tout de suite frappé par l'aspect difficilement prénétrable du bois : le bois mort au sol, les souches moussues, le sol instable ou des blocs rocheux se dérobent sous le pas. Les essences que l'on retrouve là son capable de pousser vite et haut. Tilleuls, Érables, Frênes, Hêtres forment la strate arborée...La flore qui pousse sous les frondaisons de ces grands arbres et dite sciaphile, c'est-à-dire qu'elle affectionne les situations ombragées et n'a pas avoir à subir les incidences directes du rayonnement solaire. Ainsi, on retrouve le Noisetier, le Houx et de nombreuses Fougères. Si vous regardez sur la rive opposée, en face, en rive droite sur le versant au soleil, la majeure partie de la journée, cous constaterez que la forêt et loin d'être aussi dense, et s'apparente d'avantage à un bois clair, ici, c'est le domaine du Chêne pubescent. Les boisement les plus denses assurent au sol un recouvrement partiel et localement le terme de forêt paraît impropre s'apparentant plus à un pré bois. En association avec le Chêne, on retrouve également du Buis, du Genévrier, du Cornouiller et des pelouses sèches. On y retrouve des terrasse, des cabanes de vignerons et même çà et là quelques pieds de vignes qui font encore de la résistance...
Les falaises
Sur les falaises, on retrouve des plantes ascètes, qui supporte le conditions de fort ensoleillement, l'absence presque totale de sol et de très faibles réserves hydriques. Sédums, Thyms, sont parmi les seuls à pouvoir supporter ce régime drastique. Il faut dire qu'elles ont développé des systèmes ingénieux pour pouvoir s'implanter là ou la concurrence se fait moins forte. Petite taille feuilles crassulescentes vernissées, port prostré...d'autres ont misé sur la puissance de leur système racinaire et réussissent le tour de force de s'immiscer dans les failles des couches calcaires.
Les prairies
Plus bas, au bord du Dourdou, on retrouve des prairies pâturées ou fauchées. La tonalité verte contraste avec les pelouses sèches des versants. Selon que les prairies sont fauchées ou pâturées, ce ne sont pas les mêmes plantes qui vont alors s'exprimer. Ainsi les prairies pâturées ont un aspect plutôt hétérogène. Avant pacage, elles représentent un aspect assez typique associant une strate d'herbe hautes et une strate d'herbes plus rases. Une fois le passage des bêtes réalisé, la prairie retrouve également un aspect assez caractéristique, ras, piqueté de refus avec çà et là des tâches d'un vert plus soutenu que forment les touffes des espèces nitrophiles. Il s'agit de parcelles sur lesquelles les bêtes séjournent assez longuement, il en résulte une formation particulière héritée du piétinement et de la fumure qu'exercent les bêtes. Les prairies fauchées ont un aspect caractéristique, elles se présentent comme des herbages denses et assez uniformes, dominées en hauteur par les graminées ces prairies sont assez homogènes en hauteur et parfois très vivement colorées.
Les pelouses sèches
Les pelouses sèches se présentent de loin comme un herbage aux hautes herbes, plus ou moins dense d'une tonalité générale vert jaunâtre en période végétative, ou domine des graminées. La Floraison y est échelonnée du début du printemps jusqu'à l'arrière saison. La végétation est particulièrement thermophile, xérophile, et calcicole c'est-à-dire qu'elle supporte la chaleur, la sècheresse et affectionne les sols calcaires. Il s'agit d'une pelouse qui, dans son aspect typique, laisse fréquemment voir le sol. On note de nombreux "trous d'herbe" tantôt liés à la pente et à l'instabilité su substrat, tantôt du fait de la roche qui affleure. Cela se traduit par des sols maigres disposant d'une très faible réserve hydrique ou, pour subsister, les plantes doivent disposer de systèmes racinaires puissants ou mener une vie d'ascète.
Au bord de l'eau
Au bord de l'eau on retrouve des communauté de plantes qui n'ont pas à se soucier de trouver de l'eau. Dès lors, on retrouve des formations sont la floraison abondante ne semble pouvoir être concurrencée que par un feuillage dense porté par de hautes tiges. Une telle diversité végétale, appelle vous vous en doutez une certaine diversité animale.
Parlons mammifères
Dans le Canyon, on retrouve tout le cortège de mammifères dont on est susceptible de croiser la route dans les campagnes alentours. Ici, une cave de blaireau avec des mètres cubes de terre retournée, là des sangliers ont fouillés la terre avec leur groin et retourné une prairie, plus loin on dérange un Chevreuil, un Lièvre, un Renard à "marqué" une pierre avec ses crottes pour préciser les limites de son territoire. Ici, une épreinte signale la présence de la Loutre. On nomme épreinte les crottes de la Loutre. Elles sont typiques et ont une odeur musquée caractéristique et loin d'être désagréable. Selon la saison, on y retrouve des arrêtes et des écailles de poissons, des os de grenouilles mais le plus souvent on peut y voir des débris de carapaces d'écrevisses. La Loutre semble avoir su tirer parti de l'envahisseuse Écrevisse signal qui a finit de faire disparaître l'Écrevisse à pied blanc. Difficile de voir la Loutre, ils sont rares, souvent acharnées et parfois chanceux ceux qui ont un jour croisé sa route. Restons dans les mammifères discrets et parlons Chauves-souris... nous ne reviendrons pas ici sur les traditionnels poncifs et autres légendes des Chauves-souris qui sucent le sang et se prennent dans les cheveux... aucun risque de ce côté-là ! Elles sont en fait de précieux auxiliaires pour qui jardine. En effet elle chasse la nuit et se nourissent de moults ravageurs de nos vergers qui eux aussi ont adopté un mode de vie nocturne. Dans le Canyon on a dénombré au moins 4 espèces différentes. Gageons qu'il y en a plus encore. Nous passerons rapidement sur la petite Pipistrelle qui vole souvent autour des lampadaires et qui reste un casse tête pour différencier les membres de cette famille. Le Canyon abrite une très belle colonie de grands Rinolophes et une belle population de sa cousine le Petit Rinolophe. Depuis peu, on a également pu observer le Murin à oreilles échancrées. Tout ce petit monde a choisi pour domicile estival les combles de l'église Sainte Fauste. D'ailleurs conscient que les Chauves-souris utilisent les vieux bâtiment comme gîte d'été, la municipalité de Bozouls a décidé de ne pas fermer l'accès aux chauves-souris dans les bâtiments publics. L'hiver en revanche, tout ce petit monde déserte les charpentes pour rejoindre les grottes et les failles des falaises du Canyon...Ainsi va la vie des maîtresses de la nuit...
Parlons amphibiens et reptiles
Si vous voulez voir les uns il faudra sortir la nuit de préférence après un orage faisant suite à une période sèche. Si vous voulez voir les autres, les jours d'été nuageux sont es plus propices. Pour les premiers, les amphibiens, les premières pluies de début d'année, lorsque les grosses gelées sont passées sont les plus propices. Vous verrez les crapauds communs partir en masse vers leurs sites de reproduction... les plus gros d'entre eux sont généralement les femelles. Les grenouilles vertes sortirons de leur léthargie hivernale un peu plus tard et commencerons leur vacarme nocturne tout l'été. Chez le petit Crapaud accoucheur, c'est le mâle qui porte les oeufs ! Il les porte sur son dos tout le temps de l'incubation pour libérer le moment venu les têtards dans une are ou une auge. Voilà pour les amphibiens anoures...c'est-à-dire sans queue. Pour les amphibiens urodèles, ceux qui int une queue, il y a bien sur le Triton palmé qui passe la belle saison dans les mares et hiverne à terre dans une souche vermoulue, ou à l'abri derrière l'écorce qui se détache d'un arbre mort. Celles qui caractérise le plus le canyon, magnifique dans sa livrée noire et jaune avec son grand oeuil noir qui la rend si sympathique. Elle vit à terre dans les bois frais ou les arbres morts couchés au sol et les souches moussues lui fournissent le gîte et le couvert. Les larves vivent dans l'eau. Elles ont d'abord des branchies externes puis petit à petit évoluent pour s'adapter à la vie terrestre. Impossible à confondre avec le triton, la larve de Salamandre dispose de tâches blanches à l'aisselle des pattes. Parmi les reptiles, il y a bien sur le Lézard des murailles, que l'on retrouve partout. Le lézard vert sont le mâle se pare d'une magnifique couleur bleue sous la gorge pour impressionner ses dames. Nous n'avons pas vu le Lézard ocellé, les populations de ce grand lézard sont souvent morcelées et les représentants, conscients de leur rareté ont appris à être plus que méfiants !
Il y a bien sûr les serpents. La plus connue de toutes est sans aucun doute, la couleuvre vipérine que l'on observe régulièrement dans l'eau au bord du Dourdou. Ne la traumatisez pas, c'est un serpent qui ne mord jamais. Généralement elle siffle, s'aplatit et huit. Si on la capture elle régurgite souvent son dernier repas en guise d'offrande...comme pour faire diversion. On retrouve également la couleuvre à collier...elle, elle ne mord presque jamais...ou alors il faut vraiment, vraiment l'embêter. Généralement, quand on la dérange, elle urine... l'odeur est vraiment tenace et désagréable puis, si l'importun insiste, elle fait la morte. Elle se décroche la mâchoire, fait pendre sa langue et ne bouge plus ! Avouez que si vous êtes un prédateur, une proie morte à odeur très prononcé, ce n'est pas engageant ! La couleuvre à collier est un grand prédateur à grenouilles...pensez-y quand le coassement des grenouilles vous empêchera de dormir... Il y a aussi la couleuvre verte et jaune qui est en fait noire et jaune et la très discrète vipère aspic. D'ailleurs savez vous que le meilleur critère pour différencier une vipère d'une couleuvre c'est la pupille de l'oeil : fendue verticalement chez la vipère et ronde chez la couleuvre...
Parlons oiseaux
On a dénombré plus de 8 espèces d'oiseaux dans le Canyon. Certains sont là à l'année, d'autres arrivent en hiver et d'autres viennent y passer l'été. La liste est longue et nous évoquerons ici deux des plus magnifiques représentants le Faucon pèlerin et le Hibou Grand Duc et un hôte emblématique le Choucas des tours !
Le Faucon pèlerin : est LE spécialiste de la chasse en plein vol. On le connait surtout pour ses attaques en piqués raides et vertigineux à l'occasion desquels il atteindrait entre 270 et 320 km heure. Le régime alimentaire du pèlerin est caractéristique par sa spécialisation sur les oiseaux. La prédilection du pèlerin porte sur les oiseaux abondants (Pigeon domestique, Étourneaux, Alouette, Choucas, Corneilles...). On estime qu'un oiseau de la grosseur d'un pigeon suffit à son alimentation journalière. Les attaques se soldent souvent par des échecs, le pélerin est loin d'être infaillible et les tentatives sont nombreuses. Le Pèlerin semble avoir les airs pour seul biotope mais il affectionne tout particulièrement les accidents du relief. Il a besoin d'anfractuosité, de replats en corniche, inaccessible aux maraudeurs terrestres. A la simple évocation de son nom, tout est dit : le Grand Duc d'Europe est le plus grand rapace nocturne du monde et il s'impose directement dans la catégorie des super prédateurs. Une grande capacité de vol, des perceptions hors pairs font de lui le plus puissant des oiseaux de proies nocturnes d'Europe. Il en ressort une gamme de possibilité de proies très étendues. Pour résumer ce sont surtout des animaux crépusculaires et nocturnes qui font les frais des attaques du Grand-Duc. Il peut s'attaquer à des proies volumineuses qu'il capture pendant leur sommeil. Sa prédation serait d'avantage opportuniste que spécialisée. Adepte des barres rocheuses et des falaises il est fréquemment mis en cause dans la disparition des nichées de Faucons Pèlerin dont il partage le biotope. Le Hibou Grand-Duc affectionne pour nicher des cavités, les grottes, les replats au bord d'un à-pic. Les Choucas des tours facile à reconnaitre, le Choucas est bien plus petit qu'une corneille, de la taille d'un pigeon. Il à le dessus de la tête noire, les côtés et le derrière du cou gris ardoisé. L'iris est blanc parfois bleuté. Il doit son nom à l'habitude prise de nicher sur les édifices (clochers, tours, remparts). Mais c'est avant tout un cavernicole qui s'établit dans les trous des parois rocheuses. Dans le Canyon de Bozouls il est très présent et avec le printemps ses cris annoncent de loin sa présence. C'est un oiseau grégaire qui aime vivre en groupe. Très social il vit en colonie et comptent les uns sur les autres pour s'alerter du danger. C'est au sol qu'il trouve sa nourriture, picorant insectes, mollusques, invertébrés, glanant ça et là des fruits des baies, des graines. Il exploite également es déchets et les détritus. Les couples semblent unis pour la vie et les adultes seraient largement sédentaires.