Aveyron, 12

Aboul

château aboul

Une importance stratégique au  Moyen Âge

Le village d'Aboul se situe en bordure du Causse Comtal, au sud de la commune de Bozouls. Bien qu'aujourd'hui excentré, il avait une importance stratégique et considérable au Moyen-Age : traversé, d’une part, par la voie romaine Toulouse-Lyon arrivant de Rodez (dont des dalles sont encore visibles), situé, d’autre part sur le trajet de la draille de transhumance en direction d’Aubrac. Aboul fut également désigné sous le nom de grange. L’église Romane fut construite au XIIe siècle par les Hospitaliers pour leur usage personnel et celui des gens de leur domaine.

Le village comprend un édifice de la Renaissance avec tourelle en poivrière. Elle appartint à la Seigneurie de Louis-de-Rieu 1604, puis à celle des Campselves.
 
En 1837, on dénombrait 129 habitants, après-guerre le hameau comptais une dizaine de familles vivant de l'agriculture d'élevage, essentiellement des vaches, deux familles possédaient des brebis dont le lait était ramassé pour le Roquefort. Au XIXe siècle deux personnages bien connus à Aboul : Henri de Séguret, président du tribunal de Première Instance de Rodez et le général Jean-Joseph Passelac propriétaire du château.
 
En 1878, on procéda au "remontage" de la tour du clocher et à la surélévation des parties hautes des murs latéraux, du transept et du chevet.

Le cimetière commun à l'origine autour de l'église, a été déplacé en limite du village dans les années 1920.

Une école à classe unique fut construite autour de 1940; elle sera fermée dans les années 1970.

Le captage d'eau pour desservir les habitations a été réalisé à la moitié du XXe siècle et l'électricité existait déjà avant-guerre.

Les rues ont été goudronnées en 1963 et le ruisseau fut canalisé à la même période récupérant au passage les écoulements des habitations, le captage d'eau d'Aubrac a été réalisé dans les années 1990.

Il ne reste aujourd'hui que deux exploitations agricoles en activité, mais la sérénité du village favorise la construction de maisons nouvelles et le hameau compte à présent 70 habitants à l'année.

église Aboul

Travail à ferrer les BŒUFS

travail_a_ferrer_les_boeufs_aboul.jpg

Dans nos campagnes, l'homme utilisait la force animale pour les travaux des champs; pour ce faire, les boeufs et vaches étaient ferrés. L'action de ferrer les onglons des ruminants consistait à poser des fers pour éviter l'usure de la corne.

Pour cette opération, les paysans utilisaient des appareils nommés "travails". Ils étaient formés de quatre montants de bois, portant deux rouleaux munis de sangles qui servaient à soulever et maintenir les animaux dont les cornes étaient, dans certaines régions, attachées à une têtière de bois ou de fer. L'arrivée des tracteurs agricoles a progressivement fait disparaître de nos villages ces installations à partir du milieu du XXe siècle. Aujourd'hui, il en reste peu et souvent en très mauvais état.

Pour la restauration du dernier "travail" d'Aboul, la volige a été changée et couverte par des ardoises du Causse. Le sol cimenté s'est transformé en une jolie calade et un mur interdisant l'accès aux animaux permet aux randonneurs d'apprécier la beauté du village.

Eglise d'Aboul - Jacques MARTIN

L'église romane Sainte-Fauste d'Aboul

Edifice inscrit Monument Historique par arrêté du 7 décembre 1987.
 
Son prieuré, ancienne possession de l'abbaye de Vabres, passa au XIIe siècle entre les mains des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, et sous la dépendance de leur commanderie des Canabières sur le Lévézou à laquelle il resta lié jusqu'à la Révolution. Outre l'église avec son cimetière, la commanderie possédait un vaste domaine, lequel fut agrandi par la suite après l'abolition de l'ordre du Temple au concile de Vienne en 1312; la grange d'Aubignac voisine de Bozouls passa sous sa juridiction.
 
Les restaurations réalisées vers la fin du XIXe siècle, reconstruction du clocher à la croisée du transept, surélévation des murs des croisillons, de la nef et du chevet ne déparent en rien l'église romane dédiée à saint Jean-Baptiste. Cet édifice dont le restaurateur Henri Pons, architecte du département, écrivait, en 1881 dans un rapport : "...les travaux dont nous venons de parler assureraient la conservation de cette église intéressante, malgré ses petites dimensions, par sa simplicité et l'entière conservation de sa disposition primitive".
 
Une des caractéristiques de cet édifice réside dans l'utilisation de divers matériaux, grès et calcaire de nuances et coloris différents gris, jaune foncé, blanc; le résultat de cette recherche de polychromie est du plus bel effet et assez rare en Rouergue pour être signalé. Tous les encadrements des fenêtres, tant extérieurs qu'intérieurs, ainsi que les claveaux des arcs du chevet sont taillés exclusivement dans le grés rouge. Il en est de même pour l'oculus et la baie sommitale du fronton occidental.
 
MARTIN Jacques, Aboul et son église romane, Patrimòni n°56, Imprimerie du progrès, Saint-Afrique, 2015