Aveyron, 12

Marc André FABRE

Marc André FABRE

Poète "du Pays"

 
Né à Villiers-Saint-Georges le 23 avril 1894, Marc-André Fabre était de souche rouergate. Son enfance à Lagnac l'avait marqué d'une manière ineffaçable et c'est dans ce coin intime de la "petite patrie" qu'il revenait dès qu'il en avait le loisir. Il fit ses études à Rodez, à l'institution Sainte Marie, au Lycée puis au Grand Séminaire. Après un séjour au Séminaire Français de Rome, il est entré à l'école des Chartres où il acquit le diplôme d'archiviste paléographe.
 
Il mena désormais de pair son œuvre d'écrivain, à la fois historien, romancier et poète, et sa carrière administrative. Dans tous ces domaines Marc-André Fabre déployait la plus heureuse activité : conservateur en chef des Archives du Ministère de la guerre, officier de la Légion d'Honneur, commandeur des Palmes Académiques, croix de guerre du fait de sa conduite pendant la grande guerre, vice-Président de l'Association des Ecrivains Anciens Combattants. La liste des ses œuvres littéraires est longue : Croquis d'Orient, le marteau partagé, le visage de mon pays, au pays des Chardons et des Genevriers, les drames de la Commune…
 
Son attachement à la petite patrie se témoignait de toutes manières. Dans ses poèmes et beaucoup de ses livres, mais aussi dans le journalisme (il a collaboré au Journal de l'Aveyron, au Rouergue Républicain, au Rouergue Amicaliste). Il militait aussi au sein de la Colonie Aveyronnaise de Paris. Président durant de longues années de l'Amicale des Enfants de Bozouls, il avait contribué à la création de la Fédération des Amicales Aveyronnaises dont il est devenu le Secrétaire Général, en même temps qu'il dirigeait l'oeuvre des Petites Rouergats. Partout il donnait le plus bel exemple de dévouement au pays natal dont il voulait se faire partout et en toutes circonstances le fidèle servant. Marc-André Fabre est mort le 12 août 1959 à l'hôpital militaire Percy à Clamart. Son décès est intervenu le jour du rassemblement de la Fédération des Amicales.

POEME "AU PAYS" DE MARC-ANDRÉ FABRE

Quand je vais respirer l'air du Causse Comtal
Je me promets, au cours de ma nouvelle étape,
De mieux me recueillir pour que rien ne m'échappe
Du charme qui m'a fait, pour toujours, son féal.

Mais le temps, sans répit, m'emporte dans sa course
Et je reviens, à l'heure ou le soleil décroît,
Tel le pâtre altéré qui, penché sur la source,
N'a pu retenir l'eau glissant entre ses doigts.

Lorsque, au loin, m'apparaît le clocher du village
Ou tant de disparus attendent mon retour
Et qu'un vieux paysan, que je hèle au passage,
Pour me serrer la main délaisse son labour.

Bien plus qu'un fardeau, pesant sur ma poitrine,
Écarte tout émoi de mon coeur languissant,
Je le sens s'agiter ainsi qu'une clarine
Dont nul autre que moi ne perçoit les accents.

J'ai chanté dans mes vers la maison paternelle
Tapie au seuil du Causse immense et désolé,
Cherchant à discerner d'ou me vient que, loin d'elle,
Comme tout Rouergat, je me sens exilé.

C'est qu'on y vit heureux, sans heurts et sans secousses
Et qu'à mon coeur si lourd de peines et d'ennuis
Sous aucun autre ciel ne furent aussi douces
La lumière de l'aube et la paix de la nuit.